Cure Catholique
Sur le dictionnaire historique des paroisses catholiques, on peut lire ce qui suit :
En 1580, la cure de Châtel fut incorporée au Chapitre de Saint Nicolas**, qui a conservé ainsi le droit de collation de la cure (droit de présentation d'un candidat à un bénéfice ecclésiastique) pendant près de trois siècles.
A la suite d'un accord entre le Chapitre de Saint Nicolas et l'Evêque, ce dernier possède le droit de collation, droit que le Chapitre avait voulu céder à la commune de Châtel par l'entremise du curé Déglise, le 17 janvier 1773 ; mais le conseil communal repoussa cette offre. On redoutait alors la dépense de la bâtisse de la cure. La cure étant devenue inhabitable, le 2 août 1775, le Chapitre de Saint Nicolas, à Fribourg, délégua les chanoines Murer et Odet, en vue d'obtenir de notre commune quelques plantes de bois pour sa reconstruction et des charrois gratuits. Châtel accorda 40 plantes de sapin et laissa entrevoir que plusieurs familles consentiraient volontiers à faire des charrois.
Le 21 juin 1776, Le Chapitre de Saint Nicolas prit la malheureuse résolution de s'adresser à la cour romaine pour obtenir l'autorisation de vendre le domaine curial de Fruence et d'en appliquer le prix à la construction de la nouvelle cure. Il fut vendu le 14 avril 1779 pour le prix de 3289 écus ; le rapport annuel du domaine était de 80 écus.
Les travaux de bâtisse commencèrent en 1777 et la cure fut terminée en 1780. Son coût fut de 2094 écus et celui de la grange de 378 écus. Le bénéfice curial perdit par cette opération une rente considérable. De nombreuses protestations de la part de l'évêque et du curé se sont élevées contre la vente de la propriété de Fruence. L'Etat de Fribourg s'émut aussi de cette mauvaise opération. Il ordonna au Chapitre de placer les 600 écus non utilisés au profit du bénéfice curial et conseilla d'abandonner à la Paroisse le droit de collation.
On dit que Mgr Marilley, si plein de sollicitude pour sa ville natale, aurait déposé une somme assez ronde pour agrandir la cure.
Dans les archives paroissiales on trouve trace de la vente d'un terrain en 1779 et d'achat de meubles en 1829.
Cependant, pour revenir à une actualité récente, les nouveaux statuts des prêtres émis par la Corporation Ecclésiastique Fribourgeoises et en particulier, le règlement du logement des prêtres ont amené le conseil de paroisse à réfléchir au projet de restauration de la cure, projet qui s'avère d'une grande nécessité, cette vénérable maison étant devenus très vétuste et bien loin d'une fonctionnalité que l'on peut attendre d'un bâtiment tel qu'une cure.
Le 2 septembre 2004, la commission de bâtisse est nommée et se constitue de 11 membres. Il s'agit : Des cinq membres du conseil de paroisse, sous la présidence de Mme Edith Bochud, composé de Mmes Emilie Duding, Carole Pilloud et M. Jacques Genoud. La présidence de la commission de bâtisse est dévolue à M. Léon Roche. MM. Yves Murith, architecte et Jean-Marc Ruffieux, ingénieur, ont également rejoint les rangs. Quatre paroissiens ont accepté de se joindre à la commission : Mme Renée Genoud - Mme Sylvie Gonzalez qui nous a quitté en cours de route, M. Louis Genoud et M. Patrick Vauthey.
Un appel d'offre a été envoyé à six architectes dont deux de Châtel-St-Denis. En séance de commission du 7 décembre 2005, notre choix s'est porté sur M. Yves Murith de Bulle. Les critères de son projet, inhérents à un lieu protégé, ont retenu l'attention de la commission de bâtisse.
Le 24 juin 2006, une journée porte ouverte a permis aux paroissiens intéressés, de constater l'état de délabrement de la cure.
Le 13 décembre 2006, en assemblée extraordinaire, les paroissiens ont accepté le projet de restauration ainsi que son financement.
Le Service des Biens culturels, par MM. Castella et Robiolo ont apporté leurs bons offices pour mener à bien la restauration de ce bâtiment classé monument historique en catégorie B.
On peut souligner l'excellente collaboration entre architecte, commission de bâtisse, conseil de paroisse, paroissiens et tous les corps de métier nécessaire à l'obtention de ce résultat. Ne dit-on pas que " l'union fait la force " ? Aujourd'hui, dans ces murs où le contemporain souligne l'ancien, nous en sommes persuadés.
Sully-Prudhomme disait dans " les solitudes " :
" Je n'aime pas les maisons neuves : leur visage est indifférent "
Grâce à Dieu, la cure a gardé son visage d'antan. Mais elle a retrouvé un état d'esprit et surtout un souffle nouveau.
La culture, en relation évidente avec l'essence même de cette maison, sous toutes ses formes, trouvera une place privilégiée dans ce bâtiment, la culture étant une énergie renouvelable contribuant activement à l'élévation de l'âme et du corps.
** Le Chapitre de Saint Nicolas fêtera, en 2012, ses 500 ans. Par une bulle datée du 20 décembre 1512, le pape Jules II a créé le " vénérable et exempt " Chapitre Collégial de Saint Nicolas à Fribourg, doté alors de 15 chanoines, c'est le célèbre magistrat Peter Falk qui, à la demande du gouvernement fribourgeois, obtint ce privilège lors d'un séjour à Rome. Les archives du Chapitre sont déposées aux AEF et témoignent par leur richesse de la grande influence du Chapitre sur la religion, la politique, la culture et les arts en terre fribourgeoise. E.D.
Ouvrages de références : Dictionnaire Historique et Statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg par le P. Apollinaire Dellion. Archives du canton de Fribourg. Textes privés. Clichés : M. Yves Murith, architecte (la cure de Châtel St Denis avant la restauration) La cure rénovée - Période de l'Avent 2009